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 Légendes Bretonnes

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MessageSujet: Légendes Bretonnes   Légendes Bretonnes EmptyMer 20 Jan - 2:21

Le géant Hok-Bras



I
Du temps que la rade de Brest n'était qu'un petit ruisseau où
la mer montait à peine dans les grandes marées, il y avait
entre Daoulas et Landerneau un géant, un géant comme on
n'en a jamais vu.

Légendes Bretonnes Drapeau_breton
_ Il était grand comme la tour du Kreisker, peut-être ?
_ Allez.
_ Comme le Ménez-Hom
_ Allez encore.
_ Haut comme les nuages apparemment ?
_ Allez toujours. Quand vous iriez jusqu'à la calotte du ciel, mon ami,
vous n'y seriez pas tout à fait.
_ Mais alors où ce malheureux pouvait-il se loger ?
_ Ah ! voilà l'affaire ! Messire Hok-Bras avait la faculté de
s'allonger à volonté. Voici d'où lui venait cette faculté
précieuse.

Il est bon de vous dire que maître Hok-Bras était naturellement
assez grand ; à trois ans il avait déjà plus de six pieds,
et comme il n'était pas encore baptisé, son père le mena
chez une tante qu'il avait à Huelgoat, et la pria d'être la marraine
de ce petit garçon. Hok-Bras marchait déjà comme un homme,
et la marraine n'eut pas besoin de le porter sur les fonts baptismaux, ce qui
eût été fatigant, en vérité.
Hok-Bras fut gentil. Il alla tout seul et ne pleura pas du tout, si ce n'est
quand on lui mit du sel dans la bouche : il toussa si fort, si fort, que le
bedeau qui se trouvait en face fut jeté contre un pilier, où il
se fit une jolie bosse à la tête, ce qui dérida le poupon
et le fit rire, mais rire ! Ah ! c'était le recteur qui ne riait pas
en voyant tomber tous les vitraux des fenêtres de son église !
Enfin Hok-Bras était chrétien et ne viendrait pas rire à
l'église tous les jours.

Après le dîner de baptême, qui fut très bon à
ce qu'on dit, Hok-Bras s'en fut jouer dans le bois, auprès de l'endroit
qu'on appelle le Trou du diable, et, sans doute afin d'empêcher le
diable de sortir par là (ce qui eût été un grand service
pour l'humanité, s'il avait réussi), il se mit à rouler tout
autour les plus gros rochers de la colline ; et l'on sait qu'il n'en manque pas
dans ce beau vallon.
Pendant que le bambin travaillait ainsi, au grand ébahissement des autres,
sa marraine vint le regarder faire et se dit :
_ Voilà un filleul qui me fera bonheur.
Et, en disant cela, elle jouait avec sa belle bague de diamant. Tout à
coup, la bague lui échappa et roula au fond du gouffre, qui n'était
pas encore couvert et où l'eau tombait avec un bruit affreux.
La marraine se mit à pleurer.
_ Qu'avez vous, marraine ? lui dit Hok-Bras. Votre bague ? Ne pleurez pas, nous
allons voir. Si j'étais seulement aussi grand que ce trou est profond,
je vous la rapporterais dans cinq minutes.
Or il est bon de dire que la jolie marraine était une fée. Elle
sécha ses beaux yeux et promit à Hok-Bras d'exaucer sa demande
s'il trouvait la bague. Hok descendit dans le trou et s'enfonça dans
l'eau ; mais bientôt il en eut jusqu'au cou.
_ Marraine, dit-il, l'eau est trop profonde et moi je suis trop court.
_ Eh bien ! allonge-toi, dit la fée.
En effet, Hok se laissa couler, couler toujours, toujours, car c'était
un puits de l'enfer, et sa tête restait toujours au-dessus de l'eau. Enfin,
ses pieds touchèrent le fond du gouffre.
_ Marraine, dit-il, je sens une grosse anguille sous mes pieds.
_ Apporte-la, dit la fée, c'est elle qui a avalé ma bague ; et
remonte de suite.
Crac ! On vit tout à coup Hok sortir du gouffre noir comme un arbre
énorme, et il montait toujours, toujours.
_ Marraine, dit une voix qui venait des nuages, ne m'arrêterez-vous pas
?
_Tu n'as qu'à dire assez, mon garçon, et ta croissance s'arrêtera.
_ Assez ! hurla Hok d'une voix de tonnerre.
Et à l'instant on le vit se raccourcir et puis se mettre à genoux
pour embrasser sa jolie tante et lui passer sa bague au doigt.

Par malheur pour nous, Hok, dans sa joie, oublia de boucher le Trou du Diable.
On ne le sait que trop en ce monde, hélas ! Hok s'en retourna chez son
père qui, le voyant déjà grandi de trois pieds depuis le
jour de son baptême, pensa qu'un tel garçon serait fort coûteux
à nourrir à ne rien faire. Oui, Hok ne voulait rien faire, si ce
n'est courir les aventures, se battre et se marier le plus tôt possible.

Se marier à cet âge ! Y pensez-vous ?
En effet, en quittant Huelgoat, notre jeune géant avait d'abord eu l'idée
d'emporter sa petite tante sous son bras ; mais la fée, qui était
sage (chose rare en vérité), lui avait fait comprendre que ce
n'était pas convenable à son âge et qu'elle ne voulait être
sa femme que quand il aurait accompli au moins trois prouesses, ce qui lui serait
facile, vu qu'elle lui avait donné le secret de s'allonger à volonté.
La découverte de la bague pouvant compter pour une prouesse, restaient
deux. Et voilà ce qui tourmentait notre grand bébé, déjà
rempli d'ambition.

Hok, dans son impatience, ne faisait guère que courir par monts et par
vaux ; dans ses moments perdus (et c'était l'ordinaire) il s'amusait,
au lieu d'aller travailler comme un bon journalier, à faire des tas de
terre et de cailloux, à la manière des enfants. Si bien qu'un
jour que la besogne lui plaisait, il acheva de construire l montagne d'Arhez,
depuis Saint-Cadou jusqu'à Berrien. Il y planta même le Mont-Saint-Michel,
d'où il apercevait les bois d'Huelgoat, pour lesquels il soupirait au
souvenir de sa fiancé.

Enfin, quand il eut fini sa montagne, il se trouva un peu désœuvré
et s'en alla flâner jusqu'à Landerneau ; car si sa jolie tante
lui avait permis de soupirer, elle lui avait, par prudence, défendu de
venir à Huelgoat.
Voilà qu'en regardant tantôt les boutiques, tantôt les nuages,
Hok-Bras rencontra M. le bailli avec son écharpe.
_ Tiens, dit le bailli, voilà un gaillard qui a l'air de vouloir attraper
la lune avec les dents.
_ Moi, je veux bien tout de suite, répondit le personnage, en saluant
le bailli comme un peuplier que le vent balance.
_ Attends au moins qu'elle soit levée, imbécile, et puis je te
donnerai dix écus pour acheter un habit neuf si tu peux ce soir attraper
la lune de Landerneau.
_ Tope-là, fit le jeune géant, en ébranlant l'équilibre
de M. le bailli
Et le soir, sur l place de Saint-Houardon, la foule, le sénéchal
et les juges en tête, se réunirent pour voir l'affaire. Jugez de
la stupéfaction de ces braves gens. Dès que la lune fut au-dessus
du placis, Hok se mit au milieu et s'écria :
_ Hok, allonge-toi !
Crac ! Aussitôt on vit sa tête monter, monter, monter et parfois
se perdre dans les nuages qui passaient sur le ciel. Puis la lune s'obscurcit.
On entendit un coup de tonnerre qui disait assez ! et peu à peu on vit
la lune descendre rapidement. Quand elle fut arrivée sous les nuages, on
put voir que c'était Hok-Bras qui la tenait par le bord entre ses dents.
Hok-Bras, qui se trouvait tout auprès du clocher de Saint-Houardon, déposa
délicatement l'astre des nuits sur le bout de la girouette, demanda ses
dix écus et s'en alla très content.
Et de deux ! sans compter la montagne.

II

Depuis ce temps, on dit que Landerneau a conservé sa tante, la lune
et son immortelle clarté, connue dans le monde entier.
Vous voyez que c'est une qualité assez précieuse de pouvoir devenir
plus grand que les autres ; et je suis sûr que s'il se trouvait encore
une fée comme celle-là sur la terre, elle aurait beaucoup de pratiques.
Il y a dans ce monde tant de gens qui ont la faiblesse de vouloir toujours être
plus grands que les autres…
Vous pensez que notre petit géant _ qui n'avait guère que douze
à quinze pieds dans ses jours ordinaires _ avait attrapé un peu
chaud dans son voyage à la lune, et il regrettait fort en passant par
Loperhet que la mer ne fût pas sous ses pieds pour s'y désaltérer
et se baigner à l'aise.

A cette époque, comme vous savez, la rade de Brest n'existait pas encore
_ Tiens, se dit Hok-Bras, si je creusais ici un petit étang, voisin de
ma maison, cela serait bien commode pour se baigner tous les matins, et peut-être
que cela ferait plaisir à ma tante. Allons !
Il déracina quelques chênes, prit une taille et une force proportionnées
à la besogne, s'empara de deux ou trois vieux chalands sur la rivière
de Landerneau afin de s'en servir comme d'écuelles et se mit à
l'ouvrage.
Le premier jour, il creusa un grand bassin depuis Daoulas jusqu'à Lanvéoc.
Le second jour, il creusa de Lanvéoc à Roscanvel, et le troisième
jour, comme il était pressé d'achever la besogne par une prouesse
digne de sa fiancée, crac ! il donna un grand coup de pied dans la butte
qui fermait le goulet, et bientôt il eut le plaisir de sentir l'eau de
mer lui chatouiller agréablement les mollets à une jolie hauteur,
car à ce moment-là il mesurait, dit-on, plus de mille pieds du
talon à la nuque.

Mais le vent soufflait un peu fort de l'ouest ; les vagues se précipitaient
avec la violence que vous pouvez supposer par l'ouverture du nouveau goulet.
Si bien qu'un vaisseau à trois ponts (vous comprenez, un vaisseau à
trois ponts avant le déluge), qui passait toutes voiles dehors du cap
Saint-Mathieu, se trouva entraîné par le courant et entra vent
arrière dans la rade, qui se remplissait à vue d'œil. Et
de trois !

La rade de Brest était née pour la gloire de la Bretagne. Mais pour
le malheur de son père, il arriva que, Hok-Bras s'étant mis à
genoux pour boire un coup et goûter l'eau de sa nouvelle fontaine, il arriva
que le vaisseau à trois ponts s'engouffra, avec ses voiles, ses mâts
et ses canons, dans le gosier de notre géant, où il demeura
à moitié chemin arrêté par les vergues du grand mât.
Aïe ! Hok-Bras se sentit aux trois quarts étranglé.
Impossible de crier assez ! assez ! pour revenir à sa taille naturelle
; et d'ailleurs, s'il se fût rapetissé, le vaisseau lui aurait rompu
la poitrine.
Le voilà donc, courant, courant comme un possédé, arpentant
plaines, monts et vallées, avec quatre-vingts canons dans la gorge…
_ Ma tante me tirera de ce mauvais pas.
Et il se mit à courir dans la direction de la montagne d'Arhez, qu'il
avait vu naître et qui allait devenir son tombeau. Oui, en ce temps-là
comme toujours, l'ambition perdit les hommes ; à force de se grandir,
ils tombent de plus haut et ne peuvent plus se relever, chargés qu'ils
sont du poids trop lourd de leur convoitise insatiable.
Hok-Bras s'assit donc un moment pour se reposer sur le Mont-Saint-Michel, car
son vaisseau à trois ponts le gênait pour faire une longue route.
Puis, quand il fut reposé, au lieu de faire le tour du marais, il voulut
le traverser afin d'aller plus vite.
Par malheur, il comptait sans le poids de ses quatre-vingts canons. En effet,
il n'avait pas fait quatre enjambées au milieu des mollières du
grand marécage qu'il se sentit enfoncer, enfoncer, au point de ne pouvoir
plus en retirer les jambes. Puis, dans ses efforts épouvantables, il
trébucha, et son corps immense, entraîné par le poids des
quatre-vingts canons, alla s'abattre sur la montagne.
Il y eut, dit-on, un tremblement de terre, et à Huelgoat la fée
en fut épouvantée.
Hok-Bras s'était brisé la tête en tombant sur les roches
qu'il avait amoncelées lui même. Sa marraine, folle de douleur,
accourut près de lui et essaya en vain de le rappeler à la vie
; mais n'y pouvant réussir, elle se retira à Saint-Herbot, où
son ombre revient errer au bord des torrents.

Maintenant, il serait trop long de rapporter tout ce que l'on dit du cadavre
de Hok-Bras.
On prétend que, voyant venir le déluge et ne trouvant pas de poutres
assez fortes pour construire l'arche, Noé, qui avait entendu parler du
colosse breton, vint à la montagne d'Arhez, scia la barbe du géant
défunt et en fit les membrures de navire suprême.
Noé voulut aussi, par curiosité ou pour lester son arche, emporter
quelques dents de Hok-Bras, et pour chacune il fallut trois vigoureux matelots.
On raconte bien d'autres choses du gigantesque constructeur de nos montagnes.
Mais ici se termine ce récit authentique, récit qui sans
doute vous a démontré que les Bretons ne sont pas des petits
garçons
.


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MessageSujet: Re: Légendes Bretonnes   Légendes Bretonnes EmptyMer 20 Jan - 2:23

Un pays de pierres vivantes





Menhirs et dolmens se dressent sur le sol breton.
Une tradition ancienne assure que les mégalithes poussaient autrefois
comme des plantes dans les champs jusqu'au jour où les prières avaient
arrêté net leur croissance. Ces pierres magiques font partie intégrante
des récits et des chansons de geste celtes, comme la grande pierre
que l'on peut voir au cœur de la forêt de Brocéliande et dans laquelle
Merlin l'enchanteur est endormi depuis mille ans. Au fond de la fontaine
de Margatte se trouverait une pierre blanche, la pierre du déluge, qui
déclenchera l'inondation du pays entier si on la sort de l'eau. Quant
à la pierre de la fin du monde, elle se trouve à Dol-de-Bretagne : il
s'agit du menhir de granit rose du Champ-Dolent, qui disparaît
progressivement dans la terre. Cinq mètres seraient déjà enfoncés sous
terre et la tradition assure que la fin du monde interviendra lorsque
la pierre sera totalement ensevelie.



http://www.notrefamille.com/v2/editorial-dossiers-939/legendes-bretonnes.asp
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MessageSujet: Re: Légendes Bretonnes   Légendes Bretonnes EmptyMer 20 Jan - 2:26

La Fée Du Val sans retour


Il
était une fois un homme qui n'avait au coeur d'autre passion que celle
de la richesse. Aussi l'avait-on surnommé Jean l'Or. Il était laboureur
de son métier et travaillait jour et nuit à seule fin d'avoir, dans un
temps à venir, son armoire pleine d'écus de six francs. Mais il avait
beau peiner et suer, ce temps-là ne venait pas vite. La Basse-Bretagne,
comme vous savez, nourrit son monde mais ne l'enrichit pas. Jean l'Or
se résolut à quitter une si pauvre terre. Il avait entendu parler de
contrées merveilleuses où il suffisait, disait-on, de gratter le sol
avec les ongles pour mettre à nu de véritables rochers d'or. Seulement,
ces contrés-là étaient situées de l'autre côté du pays du bon Dieu,
dans le domaine du diable. Jean l'Or avait été baptisé, comme vous et
moi ; il se souciait assez peu de tomber entre les griffes de Satan.
Mais sa passion pour l'argent le tenait si fort qu'il se mit tout de
même en route.

______-
Aussi bien, se disait-il, il n'est pas prouvé que les rochers d'or
soient la propriété du diable. Les gens qui l'ont prétendu voulaient
sans doute décourager ces benêts d'y aller voir afin de garder le magot
pour eux seuls. Quand le bon Dieu a partagé le monde entre Satan et lui
il n'a certes pas été assez sot pour faire la part si belle à son
mortel ennemi.

______Vous voyez que Jean l'Or jugeait Dieu à son aune.
Il concluait :
______-
Allons en tout cas faire un tour de ce côté. Je verrai du moins de quoi
il retourne. S'il y a danger, il sera toujours temps de rebrousser
chemin.

______Et le voilà de faire lieue sur lieue tant et si bien qu'il arriva à la ligne qui sépare le domaine de Dieu de celui du diable.
Il s'agenouilla, en deçà de la ligne, et se mit à gratter la terre.

______Mais,
il ne réussit qu'à s'ensanglanter les ongles contre une pierre aussi
dure et d'aussi peu de valeur que celle qui faisait le fond de son
champ, en Basse-Bretagne.
______-
Ma foi, maugréa-t-il, il ne sera pas dit que j'aurai tant cheminé pour
rien. Il faut que je sache si vraiment le diable est plus riche que le
bon Dieu. Je regarderai et je ne toucherai pas.

______Il
franchit la ligne, s'agenouilla encore et recommença à gratter. Ici, la
terre était molle comme du sable. A peine y eut-il plongé les mains
qu'il en retira un caillou de la grosseur d'un oeuf, un caillou en or
pur, en bel or blond tout flambant neuf.
Puis, ce fut un second caillou de la grosseur d'un galet de cordonnier.
Puis un troisième aussi large qu'une meule de moulin.
Celui-ci,
Jean l'Or n'essaya même pas de le soulever ; encore moins ceux qu'il
mit ensuite à découvert et qui formaient comme un dallage d'or.

______-
Que c'est donc beau ! s'écria-t-il, à mesure qu'il déblayait toutes ces
merveilles. Et comme je serais riche, si je pouvais seulement emporter
le dixième de ce que je vois !
Il se souvint qu'il s'était juré de ne toucher à rien.
______-
Bah ! se dit-il, vaincu par la cupidité, je vais mettre celui-ci dans
ma poche et cet autre sous mon aisselle. Cela ne tirera pas à
conséquence. Le diable ne s'en apercevra point.
Il mit dans sa poche
le caillou qui était de la grosseur d'un oeuf et sous son aisselle
celui qui était de la grosseur d'un galet de cordonnier.

______Déjà il déguerpissait au plus vite, comme bien vous pensez, lorsque Pôlic se dressa devant lui.

______Il
faut vous dire que Satan faisait justement ce jour-là sa tournée sur
terres. Il avait vu venir Jean l'Or et avait guetté ses moindres
gestes, embusqué derrière un buisson.
______- Ho ! ho ! camarade, ricana-t-il, on ne s'en va pas ainsi sans souhaiter le bonsoir aux gens qu'on vient de voler.
Jean
l'Or aurait bien voulu être ailleurs. Mais il ne pouvait plus songer à
fuir. Satan lui avait appliqué la main sur l'épaule et cette main était
terriblement brûlante et lourde, comme si elle eût été de fer rougi.
Jean l'Or cria, se débattit, supplia. Mais le diable a la poigne solide
et le coeur cuirassé.
______- Pas tant de façons ! il faut me suivre.

______Satan
siffla son cheval qui passait à quelque distance de là, l'enfourcha,
jeta Jean l'Or en travers sur la croupe, comme un simple sac de
charbon, et hue ! dia ! Jean l'Or demandait d'une voix dolente :
______- Qu'allez-vous faire de moi, Monsieur le diable ?
Et le diable répondait :
______- Ta chair sera rôtie pour le dîner de mes gens et tes os calcinés serviront de pâture à mes chevaux.
Le pauvre Jean l'Or n'en menait pas large.
On arriva en enfer.

______Dès le seuil, un démon se précipita au-devant de Satan et lui dit :
______- Maître, le valet d'écurie a été dévoré par les bêtes.
______-
Malédiction ! s'écria le diable, d'un ton si effrayant que les damnés
qui se trouvaient non loin de là, dans une mare de poix bouillante, se
mirent à faire des bons de carpe, en poussant des hurlements de
détresse.
Mais la colère du diable tomba brusquement.
Il venait d'apercevoir Jean l'Or qui s'était laissé glisser à terre et qui gémissait, accroupi, la tête dans les mains.
______- Lève-toi, grand nigaud, lui dit-il, et approche !
Jean l'Or obéit en rechignant.
______-
Ecoute, continua Satan, les choses tournent bien pour toi. Jusqu'à
nouvel ordre, ta chair ne sera pas rôtie et tes os ne seront pas
calcinés. Mais tu penses bien que je ne vais pas te garder ici à rien
faire. Voici qu'elle sera ta besogne. J'ai trois chevaux dans mon
écurie, y compris celui que je montais tout à l'heure. Tu en auras le
soin. Tous les matins, tu les étrilleras, tu les laveras, tu les
brosseras et tu leurs donneras des os calcinés en guise de fourrage.
Tâche seulement que le travail soit bien fait ; sinon, tu sais ce qui
t'attend.

______Jean
l'Or n'était pas précisément flatté de devenir le valet d'écurie du
diable. Mais il n'avait pas le choix et mieux valait encore soigner les
chevaux que de leur être jeté en pâture.
Tout alla bien pendant une
quinzaine de jours. Jean l'Or ne ménageait pas sa peine et s'efforçait
de contenter son terrible maître.
Mais, le soir venu, lorsqu'il
était étendu dans son lit, à l'un des angles de l'écurie, il restait
longtemps, avant de s'endormir, à déplorer son sort et à regretter sa
Basse-Bretagne. Comme il se repentait maintenant de sa maudite cupidité
!

______Une nuit qu'il
se tournait et se retournait ainsi sur sa couchette de paille, il
sentit une haleine chaude sur sa figure ; c'était un des chevaux qui
s'était détaché et qui tendait son mufle vers Jean l'Or.
______-
Que me veut cette bête de malheur ? pensa-t-il, car c'était justement
la monture sur laquelle il avait été transporté en ce lieu de damnation.
Il allait lui donner du fouet quand la bête lui parla en ces termes :
______-
Ne fait pas de bruit afin de ne pas réveiller les autres chevaux. C'est
dans ton intérêt que je viens te trouver. Dis-moi, Jean l'Or, est-ce
que tu te plais en ce pays ?
______- Foi de Dieu, non !
______-
En ce cas, nous sommes tous deux du même avis. Comme toi, je voudrais
retourner en terre bénite, car, comme toi, je suis chrétienne.
______- Mais comment nous en aller d'ici ?
______-
C'est mon affaire. Je te préviendrai quand le moment sera venu. En
attendant, donne-moi chaque jour double ration, non plus d'os calcinés,
mais de foin et d'avoine. Il faut que je prenne des forces car le
voyage sera long.

______A partir de ce soir là, Jean l'Or eut pour la bête des attentions particulières.
Plusieurs semaines s'écoulèrent sans rien amener de nouveau.
Mais, un matin, la bête dit à Jean l'Or :
______-
Le moment est venu. J'ai vu tout à l'heure Satan qui allait se promener
à pied. Selle-moi donc solidement, enfourche-moi et partons. Tu
emporteras pour tout bagage le baquet dans lequel tu vas nous puiser de
l'eau, ainsi que l'étrille et la brosse.

______Les voilà en route pour la terre bénite.
Le cheval galopait, galopait. Il galopa tout le jour. Le soir arriva. Le cheval tourna la tête et dit à Jean l'Or :
______- C'est l'heure où le diable rentre chez lui. Il sait maintenant notre fuite. Regarde derrière toi. N'aperçois-tu rien ?
______- Non, fit Jean l'Or.
Et la bête d'aller toujours.
La nuit se leva, claire. Le cheval dit encore :
______- Regarde derrière toi. N'aperçois-tu rien ?
______- Si, répondit Jean l'Or ; cette fois, je vois venir le diable et il marche bon train.
______- Jette donc le baquet, dit la bête.
A peine le baquet eut-il touché le sol qu'il en jaillit un torrent ; le torrent devint un fleuve et le fleuve un étang immense.

______Le diable a peur de l'eau. Au lieu de traverser l'étang, il se mit à en faire le tour. C'était du temps gagné pour nos fugitifs.
Au bout d'une heure ou deux, le cheval redemanda :
______- Jean l'Or, n'aperçois-tu rien ?
______- Si, répondit Jean l'Or, le diable a tourné l'étang.
______- Jette donc la brosse, dit la bête.
A
peine la brosse eut-elle touché terre que chacun des poils devint un
arbre gigantesque, en sorte que le diable se trouva pris dans une forêt
inextricable. Avant qu'il fût parvenu à s'en dépêtrer, Jean l'Or et sa
monture l'avaient distancé de beaucoup.

______Au bout d'une heure ou deux, le cheval, pour la troisième fois, interpella son cavalier :
______- N'aperçois-tu rien ?
______- Si, je vois le diable qui sort du bois. Il se hâte, il se hâte.
______- Jette donc l'étrille.
L'étrille
était à peine jetée qu'à la place où elle venait de tomber s'élevait
une montagne énorme, vingt fois plus haute que le Ménez-Mikel. Et elle
était encore plus large que haute. Le diable préféra la gravir que d'en
faire le tour.

______Pendant
ce temps-là, le cheval volait aussi vite que le vent. Déjà l'on pouvait
voir la terre bénite verdoyer au loin, avec ses champs, ses prairies et
ses landes.
______- Jean l'Or ! Jean l'Or ! interrogea la bête, toute haletante, est-ce que le diable nous suit toujours ?
______- Il descend la pente de la montagne, répondit Jean l'Or.
______- En ce cas, demande à Dieu qu'il nous vienne en aide : il ne nous reste plus d'autre moyen de salut.

______Satan
était, en effet, à leurs trousses. Il était presque sur eux quand le
cheval fit un dernier bond, un bond désespéré. Ses deux pieds de devant
retombèrent sur la terre bénite juste au moment où le diable
l'empoignait par la queue. Tout ce que celui-ci put remporter chez lui,
ce fut une touffe de crins. Le cheval, qui avait repris forme humaine,
dit à Jean l'Or :
______- Nous allons nous séparer ici. Moi, je vais de ce pas au purgatoire ; toi, retourne en Basse-Bretagne et ne pèche plus.
Jean
l'Or s'en retourna en Basse-Bretagne, content d'avoir ramené une âme de
l'enfer, plus content d'en être sorti lui-même, et bien résolu
d'ailleurs à faire tout son possible pour ne plus y revenir, ni de son
vivant, ni après sa mort.


http://legende-bretonne.skyrock.com/

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LA RONDE DES FEES




Entre
Fréhel et Cancale, des fées de fort belle apparence viennent danser
dans les criques isolées de la cote. Certains soirs de pleine lune,
elles invitent les pécheurs attardés à entrer dans leur ronde, puis
soudain, elles les transforment en chat. On les voit alors errer sur
les falaises, miaulant de détresse les soirs de grands vent; ils ne
retrouvent leur forme humaine qu'après avoir tissé avec le mica du
sable des grèves, un manteau d'or et d'argent que les fées revêtiront
pour repartir dans leur ronde infernale
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